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Thursday, August 13, 2020

Skippers à table. F. Gabart : « Mon fils de 8 mois avait bouffé la pizza de ma victoire en 2013 ! » - Voiles et Voiliers

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« Ne me demandez pas ce que c’était, comme pizza, j’en avais demandé une, je ne me souviens que de ça, pour mon premier repas à terre aux Sables-d’Olonne, se rappelle maintenant François Gabart. Alors, dans un petit salon, juste avant la conférence de presse, on me l’avait amené, cette pizza. J’avais pris mon fils de 8 mois sur mes genoux, j’étais heureux comme tout. Avec ses petites mains, il a commencé à attraper des trucs de la garniture. J’avais plus envie de lui attraper d’autres trucs que de la manger, finalement, cette pizza. J’ai grignoté avec lui, j’étais heureux comme tout. »

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C’est lancinant, l’odeur du pain tiède

Et quand le skipper charentais remonte plus loin encore dans ses souvenirs gourmands, il se souvient de l’odeur de pain fait à bord, sur le voilier de ses parents : « J’avais 7 ans à peu près, c’était un Kelt 39 dériveur intégral. Une odeur de pain magique qui me revient dans le nez, de temps en temps, en course. C’est lancinant, l’odeur du pain tiède ».

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En course, entre deux plats appertisés de son ami Laurent Sibert, François Gabart fait dans le simple et efficace, pour se nourrir. | VINCENT CURUTCHET

Si l’on demande à François Gabart ce qu’aimerait qu’un grand cuisinier vienne lui préparer à son bord en course, le cordon-bleu ayant par miracle été hélitreuillé avec ses instruments au beau milieu de 40es en colère, il vous répond du tac au tac ou presque que « ce serait de la télépathie, plutôt. Sinon, en rêve, dans votre idée, je l’installe à bord, bien confort, et je lui demande de me préparer un poisson bien du coin ».

« Pas un poisson que j’aurais pêché, bien sûr : on va trop vite en course, précise-t-il. Mais un poisson du coin quand même. Les bons cuisiniers savent privilégier les produits du coin, ils ont raison. Alors le vôtre, il saurait le faire aussi. Et si possible, je lui demanderais un poisson travaillé cru, en marinade, avec de l’invention, des goûts nouveaux, des saveurs inconnues pour moi. »

Je picorerai dedans, même sans mon fils de 8 mois sur les genoux !

Et à côté ? « Avec ce poisson, puisque c’est moi qui commande, plutôt des légumes frais, juste cuits comme il faut. Avec rien en trop, pour ne pas masquer le vrai goût des légumes. Et des fruits frais. Rien d’autre que des fruits mélangés. Si on ne rajoute rien d’inutile dans une salade de fruits, c’est dans les proportions du mélange, avec des notes un peu exotiques, qu’on atteint des sommets gourmands. Et là, je picorerai dedans, même sans mon fils de 8 mois sur les genoux ! »

Avec le temps et d’autres victoires sur l’eau, François Gabart s’est découvert une autre passion gourmande pour le soja : « C’est simple, c’est naturel. On en trouve facilement du bon dans les commerces et ça pousse bien aussi sur un bateau. »

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« Ça secouait sévère sur Macif et crac ! tout par terre : la casserole et l’encornet de pieds de cochon ». | ALEXIS COURCOUX

« Pendant la Brest Atlantiques, on en avait fait pousser en pleine course. 40 nœuds sur un Ultim, les secousses, le bruit : rien ne l’arrête, le soja ! s’amuse encore le skipper. On le mangeait comme ça, à la régalade. »

Les années passant, François Gabart a appris à l’aimer différemment le soja. À l’« améliorer », comme on dit : « Avec du poisson, c’est top. Un autre truc super : avec des spaghettis ! Quand ils sont juste cuits, surtout pas plus, vous égouttez et vous rajoutez du saumon cru en lanières, des pruneaux, du soja et un peu d’aneth. Le top du top ! »

Je lui avais préparé 47 plats, un par jour, puisque l’objectif était de battre Thomas Coville qui avait mis 48 jours.

À propos de top et de top chef, François Gabart a un ami cuisinier, grand cuisinier, Laurent Sibert, qui, depuis une bonne quinzaine d’années, lui prépare des plats appertisés, donc non lyophilisés, juste cuits à températures basses, 115 °C maximum, pour toutes ses grandes courses.

La parole, donc, à Laurent Sibert qui travaille en duo avec un chef étoilé de Bordeaux, Vivien Durand : « Pour son tour du monde en solo sur son multi, en 2017, je lui avais préparé 47 plats, un par jour, puisque l’objectif était de battre le record de Thomas Coville qui avait mis 48 jours. François, j’ai toujours cru en lui depuis qu’on était à l’école ensemble, tous gosses, à Barbézieux-Saint-Hilaire, notre Charente natale ».

Laurent Sibert avait eu le nez creux puisque son héros mettra finalement 42 jours pour enrouler le globe. Il restait donc cinq plats à l’arrivée : le compte était presque bon.

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Une quarantaine d’autres skippers du Vendée Globe s’est prêtée au jeu des souvenirs gourmands dans le récent Hors-Série Voiles et Voiliers « Paré à cuisiner ! » en vente dans les kiosques | . DR

Et le cuisinier de rigoler encore d’une « anecdote culinaire » sur cette course. « Un soir, François se fait réchauffer l’un de mes trucs : des encornets aux pieds de cochon. Il était en train de remonter une dépression, ça secouait sévère et crac ! tout par terre : la casserole et l’encornet de pieds de cochon. Ni une ni deux, François a récupéré ce qu’il pouvait et l’a mangé à peine tiède. À la radio, il m’avait dit qu’il avait adoré. Du coup, j’ai testé. Il a raison, François : c’est presque meilleur à peine tiède, mon truc. »

François Gabart rigole encore, lui aussi, de cette cascade culinaire. Mais son sourire est plus large encore quand il remonte plus loin dans sa mémoire, vers un hiver 2013, des acclamations partout, des rires et des larmes, un bébé sur les genoux et une pizza sous leurs yeux. Pour eux deux.

Partager cet article Depuis 2013 et la pizza de sa victoire au Vendée Globe « partagée », si l’on peut dire, avec son fils de 8 mois, François Gabart s’est découvert d’autres passions gourmandes.
Skippers à table. F. Gabart : « Mon fils de 8 mois avait bouffé la pizza de ma victoire en 2013 ! »Ouest-France.fr



August 13, 2020 at 12:30PM
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Skippers à table. F. Gabart : « Mon fils de 8 mois avait bouffé la pizza de ma victoire en 2013 ! » - Voiles et Voiliers

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